Sur la même tendance, en Europe, les licences SAP ont progressé de 15 % hors Cloud, et de + 26 % avec Cloud.
Mais les zones ne sont pas toutes identiques. L’adoption des solutions hébergées est par exemple clairement en retrait en France. Pour Franck Cohen, Président de SAP EMEA (Europe Moyen-Orient, Afrique), l’explication serait d’abord culturelle. Le Cloud – comme d’autres nouveautés informatiques – s’imposeraient d’abord au Royaume-Uni puis dans les pays nordiques et enfin dans le reste de l’Europe.
Les entreprises françaises timides sur le Cloud…
« Aux Etats-Unis la bascule sur le Cloud a déjà lieu. En Europe, il n’y a pas le même engagement. Le rapport aux nouvelles technologies est plus frileux, analyse Franck Cohen lors de la présentation des trimestriels de SAP, mais le rattrapage se fait ».
Il n’en reste pas moins que d’après le Président EMEA, le chiffre d’affaires de SAP dans le Cloud au Royaume-Uni serait proportionnellement 9 fois plus important qu’en France (et dans les pays nordiques, 6 fois plus important).
Sur le Cloud, Franck Cohen a une analyse intéressante car pragmatique. Il sépare trois grands types d’applications, chacun étant plus ou moins mûr par rapport aux mentalités pour le mode hébergé à la demande. « Les process de commodité (NDR : RH, CRM, achats, etc.) ne posent plus de problème aujourd’hui dans les entreprises pour passer en Cloud Public, mutualisé. Pour les applications plus stratégiques, comme les ERP ou les applications industrielles ou celles liées aux cœurs de métier, il n’y a pas le même engouement. On constate que la solution plus étudiée est le sur-site ou le Cloud Privé, qui est lui-même une évolution naturelle du sur-site ». Quant aux applications particulières, très sensibles, le sur-site resterait La solution.
De cette typologie, le dirigeant de SAP conclue que la bascule complète vers le 100 % Cloud n’est pas d’actualité, en tout cas pas dans les grands groupes.
Au contraire, l’avenir devrait plutôt s’acheminer vers une informatique hybride « où les professionnels de l’IT reprennent petit à petit la main sur les décisions d’achats de solutions Cloud. Face aux risques pour l’intégrité du Système d’Information, les décisions sont de plus en plus prises collégialement entre IT et métiers », constate-t-il aujourd’hui avant de prédire un début de rattrapage français rapide.
… et sur le In-Memory
Timide sur le Cloud, la France le serait encore plus sur le In-Memory. Quand HANA double presque son chiffre d’affaire outre-Atlantique - et connait une croissance de 60 % dans la zone EMEA - la base de données « en mémoire et en colonnes » de SAP ne progresse que de 21 % en France.
Franck Cohen ne le nie pas. « Il y a un retard, c’est vrai », répond-il à Developpez.com. Mais là encore la culture et le timing expliquerait beaucoup le décalage.
Et surtout un grand nombre « d’ateliers » - sortes de démonstrations concrètes qui vont jusqu’au PoC détaillé dans des cas métiers précis – seraient en cours chez des prospects. « Ce qui nous manque sur HANA, c’est plus d’accords avec de grands clients comme Arcelor-Mittal [NDR : qui a migré sur SAP HANA]. Mais cela devrait arriver en 2014, prédit le dirigeant. Beaucoup de partenaires ont demandé des ateliers. Je suis confiant sur ce rattrapage ».
L’optimisme de Franck Cohen s’appuie aussi sur les retours du marché français. Deux tiers de ses nouveaux clients passent directement au In-Memory, malgré le surcoût.
Dit autrement, l’autre barrière principale actuelle du In-Memory, en plus du cycle classique d’adoption des innovations, viendrait de l’existant. Les entreprises sont visiblement soucieuses de rentabiliser leur base de données existante avant de penser à passer à une autre.
« Quand on a commencé HANA, la concurrence disait que cela n’avait aucun sens… aujourd’hui elle adopte elle-aussi le In-Memory »
Autre retour du marché français : aucun des prospects de SAP ne semblent considérer que l’éditeur fait fausse route avec le In-Memory. Au contraire, la concurrence (Oracle, SQL Server, etc.) propose elle-aussi depuis peu du In-Memory. « Quand on a commencé HANA, ils disaient que cela n’avait aucun sens… Mais aujourd’hui tout le monde adopte le In-Memory », ironise le Président EMEA qui évalue l’avance de SAP sur ce marché naissant à 2 ou 3 années. « Et on compte bien en profiter » sourit-il. En Europe, et en France.
On pourrait également croire que les nouvelles compétences des DBA nécessaires pour passer au In-Memory (et les besoins de formations) seraient le troisième frein. Il n’en serait rien. « En fait ce n’est pas très compliqué. La formation théorique ne dure que quelques semaines, nous explique Franck Cohen. Après pour se familiariser complètement c’est comme tout, il faut de la pratique… mais non, ce n’est pas difficile pour un DBA ».
Ceci dit, aujourd’hui, deux chiffres assez durs viennent rappeler le retard des entreprises françaises dans les bases In-Memory.
Le total des « deals » pour HANA est aujourd’hui supérieur en Afrique (principalement l’Afrique du Sud) qu’en France. Et sur les 830 universités et écoles d’informatique qui enseignent aujourd’hui le In-Memory dans leur cursus en partenariat avec SAP, aucune n’est en France. Mais, là encore, un rattrapage est prévu : « on va travailler cela très sérieusement », promet le dirigeant qui n’entend pas laisser l’enseignement universitaire français à ses concurrents.
Et vous ?
Ces constats de frilosités françaises sur le Cloud et le In-Memory vous paraissent-ils spécifiques à SAP ou les voyez-vous également dans vos entreprises ?
Que pensez-vous du In-Memory ? Vous y êtes-vous déjà intéressé ?
En tant que DBA, cette technologie vous semble-t-elle être l’avenir des bases de données ?
Etudiant(e), vous a-t-on parlé de In-Memory pendant votre cursus ?
Source : Developpez.com, conférence de presse 21/10/2013